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Rencontre avec :
Monia CHefridi

CAP cuisine obtenu En 2017 à Montpellier

Son plat préféré :

Le couscous savoureux et généreux

Poste actuel :

Seconde de cuisine chez Mon cuisinier à Montpellier

Monia, peux-tu nous parler de ta vie en Tunisie avant de venir t’installer en France ?

La Tunisie c’est d’abord un souvenir lié à la fraîcheur des fruits et légumes de mon enfance. Mes parents avaient des terres agricoles, des commerces, des restaurants, des boulangeries … Malheureusement j’aurais adoré cuisiner petite mais on me l’interdisait à la maison. Notre gouvernante se chargeait de ça et les filles devaient se concentrer sur leurs études pas sur les tâches ménagères. On m’interdisait aussi de rentrer dans nos restaurants prétextant que ce n’étaient pas des endroits adéquats pour les filles. Mon destin était plutôt de me marier et de rester à la maison. Seulement moi, je n’imaginais pas mon avenir de cette façon.

Arrivée à la faculté à 19 ans pour un BTS en tourisme, j’ai enfin pu cuisiner pour mes colocatrices, mon premier plat était un plat de pâtes typique de chez nous avec du poulet. Je n’attendais que ça ! J’ai ensuite travaillé pendant 8 ans puis nous sommes venus en France avec mon mari en 2002, nous voulions changer d’air, d’abord à Reims puis à Montpellier.

« Je ne sais pas pourquoi j’ai été attirée par ce métier, peut-être parce que j’étais privée de cuisiner petite? »

Qu’as-tu fait une fois arrivée à Montpellier ?

Je voulais absolument travailler ! J’ai fait pleins de choses: les récoltes dans les champs, les vendanges, la production dans une entreprise de donuts puis dans un snack… j’étais prête à faire la plonge! Puis j’ai eu mes enfants et je devais m’en occuper; à la maison je faisais tout du matin au soir. Petit à petit j’ai commencé par faire des plateaux de pâtisseries orientales que je proposais dans les boutiques spécialisées et à l’école de mon fils, je me chargeais des gâteaux d’anniversaire, tout le monde m’en réclamait ! Comme je suis dingue de matériel de pâtisserie, j’ai même investi dans une imprimante alimentaire. Lorsque mes 3 enfants ont grandi, j’ai voulu me qualifier dans le domaine de la pâtisserie.

Une fois que tu as décidé de te former en cuisine, quel était ton projet ?

Pendant 3 ans, je me suis inscrite au Greta mais je n’ai jamais été prise. Grâce à une association, j’ai refait mon CV et pôle emploi m’a conseillé « des étoiles et des femmes ». Certes c’était une formation en cuisine et pas en pâtisserie mais je me suis dit que c’était une chance à ne pas laisser passer. Mon ambition était d’être à mon compte, je souhaitais ouvrir un food-truck traiteur sucré salé et sillonner les villages avec.

« Toute mon année au sein de « des étoiles et des femmes » a été exceptionnelle, si c’était à refaire, je le referais toute ma vie. J’ai rencontré une amie, on nous appelait « les jumelles », et ma formatrice nous donnait de la force tous les jours, encore maintenant je suis en contact avec elle.

Où en es-tu aujourd’hui de ton projet de food-truck ?

Lorsque je me suis renseignée pour les emplacements de food-truck en 2017, j’étais sur la liste d’attente pour 2021, je me suis dit que je n’allais pas attendre tout ce temps les bras croisés. Mon rêve est toujours là pour plus tard mais mes enfants sont encore petits et je ne dois pas négliger cette partie de ma vie. Je fais tout ça pour eux, ils me donnent la force d’avancer. D’ailleurs j’ai passé le CAP pâtisserie en candidat libre et cette année je le passe en chocolaterie-confiserie aussi en candidat libre et si j’obtiens mon diplôme en juin je m’inscris au CAP boulangerie!

Tu m’as dit que dans l’avenir, soit tu auras ton food-truck soit tu ouvriras ta propre boulangerie et d’ici là, tu travailles chez Mon cuisinier depuis 2018, quelle est ton rôle au sein de l’équipe ?

Mon cuisinier, agréé entreprise d’insertion, c’est un service traiteur et des restaurants en propre. Je suis au laboratoire de production du lundi au vendredi de 8h à 17h; actuellement nous ne sommes que deux avec mon chef. Je suis à tous les postes. Normalement nous préparons 600 repas par jour mais avec le Covid, nous avons réduit de moitié et avons perdu un tiers du chiffre d’affaires. Dès que j’en ai la possibilité j’intègrerai des spécialités tunisiennes en adaptant surtout en termes d’épices. Côté ambiance, je m’entends très bien avec tout le monde et je pense y rester au moins 5 ans encore.

Quelle est ta plus grande fierté ?

De me dire que j’y suis arrivée seule en partant de 0 sans le soutien de personne. Pour certains membres de ma famille, la cuisine est un sous métier et je leur ai prouvé de quoi j’étais capable. Ma passion et mon amour de la pâtisserie est un plaisir compliqué à expliquer, ce qui me plaît c’est le défi, le savoir-faire, la découverte, le design, la délicatesse, la minutie et ça arrive à la fin du repas, donc ce n’a peut faire que du bien ! Mon dessert préféré c’est le mille-feuilles, il se cache un secret sous chaque couche.
De plus, j’ai transmis le goût de la cuisine à mon fils de 11 ans qui est un grand gourmand comme sa maman et qui a créé sa chaîne YouTube pendant le confinement où je le filme pendant qu’il explique les recettes.
Là par exemple, il donne celle des muffins aux pépites de chocolat !

Interview par Kenza Berrada C